jeudi 26 octobre 2023

 ÉTUDIANT À BORDEAUX AU MILIEU DU SIÈCLE DERNIER

En lisant le journal Sud-Ouest qui publie une enquête sur la vie étudiante et ses difficultés, je me suis rendu compte de la chance que j'ai eue de faire mes études au milieu du siècle dernier.

Les Facultés étaient toutes situées dans le centre ville et les lignes de tramway, disposées d'une manière radiale, permettaient d'y accéder rapidement depuis toutes les banlieues bordelaises, ce qui permettait aux étudiants venant d'autres villes de se loger hors la ville à moindre coût.

Les frais d'inscription en Faculté étaient modiques et la Sécurité Sociale étudiant coûtait 15 francs par an ce qui équivaut sensiblement à 20 euros actuellement.

Les bourses, bien que peu élevées, étaient obtenues plus facilement que pour les études primaires et dès 1957, lors de la création du 3° cycle, le montant mensuel de cette bourse, attribuée à tout étudiant quelles que soient les ressources de sa famille, correspondait sensiblement au SMIG (SMIC actuel).

Les dépenses contraintes étaient peu importantes, car rares étaient les étudiants qui possédaient une voiture et ceux qui l'utilisaient pour venir aux cours étaient encore plus rares, quant aux téléphones portables, ils n'existaient pas.

Les étudiants bordelais, ou de la proche banlieue, pouvaient, s'il le désiraient, souvent rentrer chez eux le midi car ils vivaient souvent en famille où la mère restait, également bien souvent, au foyer. Quant aux autres ils se logeaient en général en chambres meublées, beaucoup moins coûteuses que les loyers actuels, et prenaient leurs repas dans les restaurants universitaires. Certains logeaient à la Cité Universitaire près de la barrière de Pessac, mais ils étaient peu nombreux car il y avait peu de places.

Pour être admis à la Faculté, il suffisait d'être titulaire d'un baccalauréat, il n'y avait ni orientation ni affectation. N'importe quelle faculté était accessible pourvu que l'on dispose d'un bac.

Les contrôles de présence ne se faisaient que pendant les travaux pratiques. Les contrôles de connaissances étaient rares, voire inexistants.

Mais il y avait certains inconvénients, les amphithéâtres étaient surchargés, les contacts avec les professeurs, notamment lors des premières années, étaient quasi inexistants et les équipements insuffisants, ainsi je me souviens de séances de T.P. pendant lesquelles nous ne disposions que d'une loupe binoculaire pour deux étudiants. Pour les boursier, le redoublement était interdit, dans bien des cas ceux qui échouaient aux examens de fin d'année devenaient "pions" ( surveillants d'internat ou d'externat) mais il était facile de se procurer quelque revenus, non négligeables, en donnant des cours particuliers pour lesquels la demande était forte.

En compensation de cela, les dépenses pour se distraire n'étaient pas très élevée. Sport et cinéma étaient les moyens de détente les plus pratiqués et les étudiants avaient droit à des réductions sur bien des manifestations culturelles.

À la fin des études lorsque l'on ne trouvait pas des emplois correspondant à nos aspirations, nous pouvions nous adresser au Rectorat pour obtenir, dans l'Académie, un poste de maître auxiliaire dans le secondaire. Ceux qui échouaient en cours d'études pouvaient se diriger vers l'enseignement primaire comme instituteur stagiaire puis, après une formation adaptée, devenir titulaires.

Pour une très grande majorité d'étudiants, les études supérieures n'avaient rien d'une galère, ce qui permet de mesurer la dégradation de la condition étudiante en un peu plus d'un demi siècle.


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