samedi 2 décembre 2017

IMAGE TROUBLE DE L'ACTIONNARIAT

Cette semaine Elise Lucet dans son émission "Cash Investigation" sur France 2 nous a informés sur le marché du coton.
Nous savions déjà bien des choses sur l'exploitation des ouvriers (fonctionnaires réquisitionnés) en Ouzbékistan, sur les conditions de travail inhumaines au Bengladesh, mais nous ignorions, certainement pour la plupart d'entre nous, qu'il était possible d'afficher sur nos tee-shirts, un logo sans signification ni contrôle, qui certifiait la traçabilité du produit que nous achetions.
Lorsqu'Elise Lucet s'est présentée, pour poser des questions à ce sujet, à la réunion des actionnaires de Carrefour, elle a pu prendre la parole, a été reçue correctement, mais après avoir quand même "forcé la porte" en prenant la parole d'office sans micro, et a obtenu les réponses traditionnelles, par ceux dont la pratique de la langue de bois est un métier, du genre "nous ne savions pas, nous attachons beaucoup d'importance à la traçabilité de nos produits, merci de nous informer, nous allons vérifier, nous serons vigilants et nous vous recevrons en vue de vous accorder une interview". Rien de bien nouveau !
Par contre ce qui est plus rare est de voir l'attitude de certains actionnaires, et ils avaient l'air d'être assez nombreux, quand on vient leur montrer quelle est l'origine du profit qu'ils espèrent en achetant des actions.
Elise Lucet a eu droit à tout un florilège d'insultes très significative de l'état d'esprit de ceux qui les ont exprimées et dont on souhaite, au moins sur le plan humain et de l'éthique,  qu'ils ne soient pas représentatifs de ceux qui par leur investissements sont fiers de faire marcher l'économie capitaliste en ne rien faisant et en attendant des dividendes de plus en plus importants.
Que ce cache-t-il derrière ces insultes ?
-"On s'en fout": tous le moyens sont bons pour gagner de l'argent.
-"Gauchistes dehors": Vouloir informer avec rigueur est être honteusement de gauche, comme si la droite devait se cacher. De ce fait l'insulte se retourne contre celui qui l'a prononcée.
-"Journaliste de m....": Seule la presse people à droit de cité. La véritable information est inconvenante.
-"C'est nous qui vous payons": Comme si l'achat de la presse était une obligation et que ceux qui l'achètent faisaient une mauvaise action en permettant des publications d'informations dérangeantes. Sans compter qu'il semble que le fait de payer un journaliste donne droit à contrôler l'information.
-"Vendu": Il serait peut-être préférable d'être acheté comme c'est le cas de ceux qui ont proféré l'insulte.
-"Fonctionnaires": Insulte suprême car il est plus important et utile d'être au service du capitalisme dévoyé que du public.
Ainsi cette émission a été plus riche en information sur la vénalité, l'honnêteté, l'humanité de ce que certains attendent de la société dans laquelle nous vivons, que sur le négoce du coton.

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