lundi 30 mars 2020

LE DÉBAT SUR LA CHLOROQUINE

Plantons le décor:
Un éminent spécialiste, mondialement reconnu, des maladies infectieuses, le Professeur Didier Raoult, teste les potentiels malades du covid 19 et en cas de résultat positif les traite à la chloroquine, un antiviral bien connu dont les effets secondaires le sont également. Il affirme avoir soigné 24 patients P qu'il a traité contre le coronavirus et conseille d'intervenir très tôt.
Les instances médicales lui reprochent une étude bâclée qui ne respecte pas le protocole imposé pour tester tout médicament et déconseille l'emploi de la chloroquine.
L'affaire tourne au conflit entre spécialistes. Vis à vis des instances médicales, le Professeur Didier Raoult semble aussi pâtir d'un délit de faciès avec sa barbe, ses longs cheveux, son verbe haut et son caractère très affirmé.
Ce n'est pas la première fois qu'un tel conflit existe, souvent à cause d'imposteurs mais parfois aussi en raison de l'apparition de génies, souvent marginaux. Rappelons nous Galilée et plus près de nous Louis Pasteur, découvreur du vaccin contre la rage et qui n'était même pas médecin.
Quoiqu'il en soit une étude respectant rigoureusement le protocole imposé  pour mener à bien une expérimentation est en cours. La publication des résultats devrait certainement coïncider avec la fin de la période de confinement. Un peu tard !
Là dessus, un brillant intellectuel, Laurent Alexandre, chirurgien, polytechnicien, entrepreneur et accessoirement d'inspiration néolibérale, proche d'Alain Madelin, apporte son éclairage.
Pour lui l'étude du Professeur Didier Raoult n'est pas sérieuse et ne prouve rien car les chances de guérison sans traitement sont de 98%. La chloroquine permet-elle de faire mieux ? Nul ne le sait, d'autant plus que le professeur Didier Raoult traite ses patients dès la première détection de l'infection ce qui augmente considérablement potentiellement le lot de malades traités par rapport à ce qui se fait dans les hôpitaux.
Enfin, de tergiversations en tergiversations, l'autorisation d'utilisation de la chloroquine est accordée aux hôpitaux à compter du 26 mars 2020, avant les résultats de l'étude générale, mais uniquement pour les cas graves.
Deux objections:
- Puisque rien n'est venu confirmer, ni infirmer, les résultats de l'étude du Professeur Didier Raoult et que l'on connaissait les risques liés à l'emploi de la chloroquine, pourquoi a-t-on attendu si longtemps?
- L'emploi de la chloroquine dans les hôpitaux qui ne peut se faire que pour les cas graves est en contradiction avec les conseils du Professeur Didier Raoult, qui prétend qu'il faut traiter le plus tôt possible.
Deux questions:
- Le Professeur Didier Raoult traite-t-il les malades très tôt parce que cela est indispensable ou est-ce pour augmenter le lot de malades traités et faire en sorte que proportionnellement les échecs éventuels seront plus faibles ?
- L'accord des instances médicales nationales n'est-il donné que pour les cas graves pour mettre au défi le traitement ainsi prescrit  de venir à bout de la maladie ?
On n'y verra, espérons-le, vraiment plus clair que dans un peu plus d'un mois en souhaitant qu'à ce moment là le covid 19 ne soit plus qu'un mauvais souvenir et que la mise au point d'un vaccin se fasse dans les délais les plus brefs.
Mieux vaut prévenir que guérir.

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