mardi 22 janvier 2019

L'ECONOMIE EST-ELLE UNE RELIGION ?

Un article de Jean-Claude Guillebaud paru dans le journal Sud-Ouest Dimanche présentant l'économie comme une religion a fait réagir un contributeur au "Journal des lecteurs" de ce quotidien qui explique, en citant de nombreux économistes reconnus, que l'économie est une discipline bien réelle et que sans croissance il n'y a pas de possibilité de création d'emploi, pas de progrès...
Les arguments de l'un et de l'autre sont recevables, tant il est vrai que, partant d'hypothèses différentes, mais en tenant un raisonnement indiscutable, on arrive à des conclusions diamétralement opposées.
Et si ce n'était pas l'économie qui était une religion mais que c'était en réalité la croyance en une croissance infinie ?
Partant du fait que la croissance infinie est nécessaire et possible ou non, on est amené à développer des théories économiques complètement opposées.
Il est intéressant de lire à ce sujet la "Théorie du Donut" de Kate Raworth qui remet en cause la possibilité d'une croissance infinie pour la simple raison que les ressources naturelles de notre terre s'épuisent.
En fin d'ouvrage elle publie deux tableaux qui à eux seuls résument la situation dans laquelle nous nous trouvons. Le premier traite du "Fondement social et des indicateurs de pénurie" qui donne par exemple le pourcentage de population sous-nourrie, ou vivant sous le seuil de pauvreté ou encore n'ayant pas accès à l'eau potable et, à l'opposé, le second tableau intitulé "Le plafond écologique et ses indicateurs de dépassement" montre que, dans bien des domaines, nous avons dépassé les seuils de tolérance de dégradation de notre planète, comme la concentration en dioxyde de carbone de l’atmosphère ou la teneur en résidus phosphorés ou azotés des terres, rivières et océans. Ce ne sont que des exemples car le premier tableau retient douze critères et le second neuf.
Il est alors facile de conclure que la croissance infinie n'est pas envisageable, mais ce n'est pas pour cela que cet ouvrage est pessimiste car il propose une autre approche de l'économie basée, tant sur le partage des richesses que du travail, en mettant au centre du moteur économique les qualités humaines d'altruisme, d'équité et de solidarité ainsi qu'en envisageant le progrès et l'art de vivre sous d'autres formes que la surconsommation de biens souvent inutiles qui nous paraissent être devenus indispensables sous la pression des lobbies publicitaires.
Afin que l'humanité ne soit pas condamnée à ne plus connaître le progrès, toute une théorie sur l'économie régénératrice est présentée.
Ouvrage passionnant.

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