vendredi 15 janvier 2016

LAÏCITE

J'ai eu envie d'écrire cet article, plus pour poser des questions et essayer, à mon niveau, de faire un état des lieux que pour apporter une définition, et surtout proposer une ligne de conduite qu'un état laïc comme la France devrait exiger de respecter.
D'après le dictionnaire Larousse, la laïcité est le "caractère de ce qui est laïque, indépendant des conceptions religieuses et partisanes" et la définition de laïque est "qui n'appartient pas au clergé". De cette première approche on peut constater qu'entre "laïque" et "laïcité" le mot "partisanes" apparait.
Lors d'une interview, Alain BAUER, criminologue réputé, dit que si l'on ajoute un adjectif au mot "laïcité", ce n'est plus la laïcité.
Quand il s'agit d'un état laïc, pour certains, il doit interdire tout signe extérieur religieux, pour d'autres, à l'opposé, l'indépendance de l'état doit lui interdire d'intervenir dans les affaires religieuses, y compris dans leur expression publique. Entre ces deux extrémités, une voix s'exprime pour interdire tout signe ostentatoire d'appartenance à une religion et tout prosélytisme.
Devant un tel panorama il semble que l'on manque cruellement, au niveau de l'état, d'une ligne de conduite, surtout dans un état laïc où le Ministre de l'Intérieur est aussi responsable des cultes. Une position et une définition claires paraissent s'imposer.
Pourquoi cette question m'est-elle venue à l'esprit?                                                                                A cause des constats suivants:
- Si l'on regarde l'évolution de la religion catholique, il y a 60 ans les prêtres se promenaient en soutane dans l'espace public. Nous n'en voyons pratiquement plus, ils se contentent de tenues, souvent assez discrètes, en arborant quelquefois une petite croix comme signe d'appartenance à leur religion. Nous ne voyons plus de religieuses en cornettes, ni dans l'espace public, ni dans les hôpitaux, l'assistance au malade étant du ressort du personnel laïc compétent.
En général les fidèles expriment rarement leur appartenance religieuse, et même, parfois, le port de la croix en pendentif n'est pas un signe de cette appartenance, mais simplement un bijou plaisant.
- Parallèlement il me semble que la religion juive a opté pour une évolution opposée. On croise plus de juifs portant une kippa actuellement qu'il y a 60 ans. Quelle en est la raison? Le réveil d'une communauté après les douloureux événements de la dernière guerre?  L'envie d'exprimer son identité religieuse face à l'apparition en France d'un contingent plus important de pratiquants de la religion musulmane? Je n'ai aucune réponse.
- Enfin, la religion musulmane, peu présente sur notre sol, et quasiment invisible il y a 60 ans, s'affiche maintenant dans des tenues qui sont celles que les fidèles portaient dans leur pays d'origine.
- On peut aussi parler du port du turban pour les pratiquants de l'indouisme, mais leur présence sur notre sol n'est que marginale.
A notre époque où les tensions sont exacerbées au proche orient, victime de guerres de religions, et même parfois au sein de la même religion, il est extrêmement difficile de savoir si ces signes distinctifs, visant à exprimer clairement son appartenance à une communauté religieuse, s'apparentent à une habitude, au désir d'exprimer ses convictions religieuses, au prosélytisme et pourquoi pas à de la provocation.
Un autre point important est de différencier l'espace public de l'espace privé.
Pour le moment il semble que la loi sur le voile différencie trois espaces et non deux. En étant un peu schématique, certainement trop même, on retiendrait:
-les locaux administratifs (au sens large)
-la rue
-la propriété privée.
Pour le troisième espace l'état n'est pas concerné, sauf si le comportement des occupants de cet espace vient à nuire à la tranquillité de la population, mais à ce moment là il ne s'agit plus de religion mais de comportement civique.
Pour les locaux administratifs, un semblant de définition a paru voir le jour lors de la promulgation de la loi sur le voile, avec une définition peut-être insuffisamment précise puisque nous avons eu connaissance de quelques problème pour certaine crèche.
Pour la rue, tout reste à faire.
Pour toutes ces raisons et afin de préserver la paix sociale et de lutter contre le communautarisme qui peut facilement naitre d'un tel affichage de ses convictions religieuses, il me semble qu'un grand débat public sur la laïcité serait le bienvenu.
Notre pays a besoin de favoriser le "vivre ensemble en harmonie" et non pas de favoriser la création de communautés de pensée ou de comportement.

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