TITAN: PRÉTENTION ET NÉGLIGENCE COUPABLES

Le concepteur de Titan, ce petit sous-marin dans lequel cinq personnes ont trouvé la mort par 4000 m de profondeur, prétendait que son engin était tellement révolutionnaire que sa qualité ne pouvait être appréciée en fonctions des normes en vigueur. Cela pouvait s'entendre, mais encore fallait-il que l'engin une fois réalisé présente les qualités d'usage que l'on attendait de lui, c'est à dire pouvoir plonger à 4000m de profondeur.

Prenons un exemple: lorsque les terrains en gazon synthétiques ont été créés, on ne pouvait évidemment pas leur imposer les normes de construction des terrains de sport traditionnels en gazon naturel, mais il fallait s'assurer de leur qualité d'usage: confortable et non dangereux pour les joueurs, roulement et rebond du ballon etc.

Pour le Titan il aurait du en être de même. Quelle que soit sa conception il aurait fallu prouver qu'il était capable de résister aux contraintes énormes qu'il allait subir par 4000m de profondeur : 400 kg au cm2, soit 400 bars ou suivant les appellations autorisées 40 MPa (Méga Pascal). Pour se faire une idée de l'importance de cette exigence, c'est ce que l'on demande à un béton pour la construction d'un ouvrage d'art comme le pont de l'Île de Ré.

Par sécurité et une fois le Titan réalisé il aurait fallu le soumettre à de telles contraintes, soit artificiellement, soit en l'immergeant à l'aide d'un robot porteur, à la profondeur de 4000 m, profondeur pour laquelle il avait été construit. On se serait alors aperçu qu'il aurait été détruit et cinq vies humaines auraient été épargnées et les sommes folles engagées pour leur sauvetage auraient été économisées.

Les apprentis sorciers n'ont pas le droit de jouer avec la vie humaine.