lundi 19 mars 2018

CURIEUSE EMISSION DE TELEVISION

Comme il fallait s'en douter, l'émission d'actualité "C' dans l'air" du jeudi 15mars 2018 traitait de la manifestation des retraités contre l'augmentation de la CSG sans compensation, qui se traduit pour eux par une perte de pouvoir d'achat.
Pour qui est habitué à regarder cette émission, il était difficile de reconnaitre les invités en entendant les arguments qu'ils avançaient et  surtout en voyant les positions qu'ils prenaient.
François Fressoz, journaliste au Monde, habituellement assez marquée à gauche, défendait la position du gouvernement, sans traiter les retraités de nantis, mais en comprenant qu'on leur demande un effort car leur patrimoine serait plus important que celui des actifs. S'est-elle posé la question du patrimoine de ces retraités lorsqu'ils étaient en activité au milieu de leur carrière ?
Raymond Soubie, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, et dont la compétence est reconnue, a défendu les retraités en assénant des vérités que l'on entend rarement:
-l'idée que les retraités sont des nantis est une idée d'économiste qui n'est certainement pas partagée par les actifs,
-les retraités sont par définition moins nantis que les actifs puisque le jour de leur départ en retraite ils perdent en moyenne 25% de leur revenu,
-depuis 1993, sous le gouvernement Balladur, l'écart entre le pouvoir d'achat des actifs et celui des retraités ne cesse de se creuser au détriment de ces derniers,
-les retraités ont pâtis de la solidarité intergénérationnelle en payant la retraite de leurs parents, ils attendent maintenant, fort justement, profiter de cette solidarité.
Quant Yves Thréard, journaliste au Figaro, dont on peut, comme pour tout journaliste, discuter de l'interprétation des faits, mais qui en général les rapporte avec fidélité, il a pris quelques libertés avec le calendrier, en disant que les retraités âges de 80 à 85ans avaient connu les trente glorieuses et n'avaient pas connu la guerre. Il oublie simplement que ces gens-là avaient entre 7 et 12 ans à la fin de la guerre, qu'ils ont connu le rationnement, les cartes d'alimentation, ont fait partie de J.1 et J.2 pour définir leur ration alimentaire journalière, qu'ils ont subi les bombardements et sont descendus dans des abris lors des alertes, pendant leur enfance ou le début de leur adolescence et que cela laisse des traces, car les cellules de soutien psychologiques, que l'on convoque maintenant à chaque incident, n'existaient pas. Ce sont aussi parmi les  hommes de cet âge que se trouvent ceux qui ont connu en Algérie une guerre qu'on a eu l'audace d'appeler pacification, et que certains ont donné jusqu'à 31 mois de leur vie, et parfois leur vie elle-même.
A la fin de cette émission j'ai ressenti un profond malaise et me suis demandé si c'était moi ou les invités de l'émission qui avaient perdu leurs repères.

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