samedi 18 novembre 2017

LES FRACTURES DE LA GAUCHE

Il y avait bien longtemps que la fracture de la gauche sur fond économique était connue, au moins depuis 1983 lorsque François Mitterrand a remplacé Pierre Mauroy par Laurent Fabius pour prendre le virage du libéralisme. Ainsi à partir de ce moment là, sournoisement, deux gauches s'opposaient au sein du Parti Socialiste, l'une tenant de l'orthodoxie en continuité de l'idéologie du Front Populaire de 1936, l'autre résolument tournée vers la sociale démocratie.
L'apothéose en a été l'éclosion du mouvement des frondeurs suivie de l'éclatement du Parti Socialiste avec d'une part Manuel Valls et d'autre part Jean-Luc Mélenchon et parmi tout cela, la recherche d'une nouvelle voie, plus moderne, par Benoît Hamon.
Maintenant l'affaire Tariq Ramadan et la prise de position de Médiapart contre Charlie Hebdo, l'accusant par la voix de son Président Fondateur, Edwy Plenel, de participer à "une guerre contre les musulmans" (voir éditorial de Bruno Dive dans le journal Sud-Ouest du 16 novembre), fait apparaitre une fracture, peut-être plus profonde encore au sein de la gauche car elle touche à l'idéologie, c'est à dire à la manière dont on conçoit la laïcité.
On savait bien, là aussi, que des intellectuels de gauche comme Pascal Boniface, Edgar Morin et Edwy Plenel (voir l'Obs du 9 au 15 novembre), au nom de la laïcité, apportaient leur "caution intellectuelle à Tariq Ramadan". Mais, de là à considérer que toute critique de l'Islam est contraire au respect de la laïcité, est un pas qu'il est inadmissible de franchir, puisque c'est justement cet esprit critique vis à vis d'une religion, le Catholicisme, qui a permis de poser les bases de la loi de 1905, qui est pour la République Française une de ses fondations.
Avec de telles fractures, qui ne sont malheureusement pas les seules, au sein de la gauche, on peut penser que la recomposition d'un parti politique représentant ce courant de pensée prendra énormément de temps, et que les gens de gauche assisteront, encore pendant longtemps, à des combats électoraux auxquels ils participeront par devoir, mais sans aucune espérance de victoire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire