jeudi 4 février 2016

GRÂCE PRESIDENTIELLE

Jacqueline SAUVAGE a été condamnée  par deux fois à 10 ans de rétention pour avoir tué son mari de trois balles de fusil dans le dos après avoir subi pendant 47 ans des violences conjugales de la part d'un mari, qui de plus violait ses propres filles.
Dans cette affaire il y a des choses que je comprends, d'autres que je n'arrive pas à comprendre et enfin des questions que je me pose.
- Je comprends la condamnation d'une femme qui a tué froidement son mari.
- Je comprends qu'elle ait commis cet acte après 47 ans de violences conjugales.
- Je comprends la mobilisation importante que ce verdict a motivée et qui a permis de collecter plus de 437000 signatures pour demander la grâce présidentielle.
- Je comprends que cette grâce partielle ait été accordée, car la justice n'a pas été déjugée et les conditions horribles dans lesquelles la condamnée a vécu a été reconnue.
Par contre
- Je ne comprends pas que l'on subisse des violences pendant 47 ans sans porter plainte, bien que la peur du tortionnaire puisse en partie justifier cette attitude.
- Je ne comprends pas que les filles de ce triste individu ne soient pas intervenues pour défendre leur mère, en portant plainte, alors qu'elles avaient quitté le domicile familial.
- Je ne comprends pas l'attitude du voisinage qui paraît-il était au courant du calvaire de cette femme et n'a tenté aucune intervention.
- Je ne comprends pas la maladresse des avocats, qui voulant obtenir l'acquittement, ont plaidé la légitime défense, qui manifestement n'existait pas. S'ils avaient mis en avant la lassitude, le désarroi et la douleur de leur cliente, ils auraient eu certainement beaucoup plus de chance d'obtenir une peine avec sursis.
Mais, surtout je me pose une grande question.
Normalement les jurés représentent la voix du peuple, ce qui n'est pas le cas de la rue ni d'une pétition.
Les jurés ayant assisté aux débats ont beaucoup plus d'informations que ceux qui se mobilisent pour défiler ou pour signer. Par contre les jurés sont guidés par les juges et je crains que l'aspect technique du jugement des faits prenne le pas sur l'intime conviction. Ainsi un juré peut très bien vouloir excuser le geste qui a conduit au crime, mais à la question: "y avait-il légitime défense?", il est obligé de répondre "non".
Alors la question qui me taraude est double:
Est-il normal que les juges "éclairent" les jurés?
Les jurés sont-ils vraiment représentatifs du peuple?
C'est surtout cette dernière question qui me gêne, car le peuple doit être représenté pour juger un inculpé, mais cette représentation est-elle fidèle? Du point de vue statistique 12 personnes choisies au hasard sur les listes électorales sont-elles représentatives du peuple français? Je ne crois pas. Si un institut de sondage travaillait ainsi en interrogent 12 personnes au hasard pour connaître l'opinion publique sur des points bien moins graves qu'une condamnation, personne ne croirait à ses prévisions.
J'ai malheureusement conscience de poser des questions sans apporter le moindre début de la plus petite réponse. Mais, à l'heure où fleurissent tant de techniques de communications et de sondages d'opinion, ne pourrait-on pas trouver une méthode objective et sécurisée qui permette de représenter indiscutablement le peuple français? Si à cette question la réponse était positive il serait, me semble-t-il inutile de donner au Président de la République la possibilité d'accorder la grâce.

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